« - Tsssss, n’ayons pas peur de le dire, cette station n’est plus que l’ombre d’elle-même. »

La voix calme et apaisante de la créature fit sourire Darth Ridris. Elle s’avouait à elle-même que La Roue avait autrefois été un lieu de beauté et de calme. Sans parler de la paix qui y avait règné et ce depuis plusieurs années. Elle se souvenait encore de son dernier passage, alors qu’elle prenait plaisir à trainer dans les bars de la station à siroter diverses boissons et à observer les passants, si innocent et ignorant qui se trouvait à la table d’à côté. Ridris sentit peser contre son cœur et l’extrémité de sa poitrine les prémices d’un sentiment de nostalgie déprimante qu’elle repoussa avec toute la puissance de sa haine. La créature sembla remarquer son sentiment et s’agita. Ridris appréciait tout de même sa compagnie. Même si elle n’était pas des plus agréables à regarder, son physique donnait l’impression qu’elle ressemblait à une erreur de laboratoire, elle était un atout indéniable lors d’un affrontement ou lors de négociation. Sa capacité à ressentir les émotions de tout être lui donnait un avantage lors de ce genre de situation. La créature se nommait Darth Démiurgis et celle-ci la dévisageait intégralement.

« - Fais-toi plus discret, Demiurge, sinon nous allons nous faire éjecter. » fit remarquer Ridris, comme si elle voulait lui rappeler qui était au commande de cette mission.

Un nouveau sifflement de la part de Démiurgis mais il sembla se calmer et se tint plus droit. Ridris l’entendit respirer calmement et elle le vit prendre une position plus droite et plus naturelle. Les regards ne les dévisageaient plus et elle sentit la tension quitter l’esprit des gardes républicains. Il était assez étrange de voir à quel point la nature de Démiurgis était changeante lorsqu’il y mettait du sien. Mais aussi étonnant fut-ce, Ridris comprenait que vivre avec cette tension permanente dû au manipulation de la force qu’avait subi son être ne devait pas être aisé à gérer. C’était sans doute pour cela que Ridris était la seule du groupe à apprécier sa compagnie.

« - Merci. Bon. J’espère qu’on va trouver ce qu’on est venu chercher, sinon Wadron va encore péter un plomb et il faudra encore lui rappeler qui est le chef. » fit Ridris à l’intention de son compagnon.

Ce dernier eut un ricanement carnassier qui tenait plus de la bête que de l’homme. Il tourna la tête d’une manière peu confortable et répondit.

« - Ce qu’il lui faudrait, c’est un bon coup de sabre au travers de la gorge. Voilà ce qu’il lui faudrait. Un certains sens de la hiérarchie et du respect devrait lui être inculqué. Je n’ai d’ailleurs jamais compris ce qui faisait de lui un membre du Traité. »

Ridris était tout à fait d’accord avec l’avis de Darth Demiurgis. Darth Wadron était une brute de la pire espèce et prenait plaisir à tuer et massacrer sans vergogne. Il frôlait toujours la trahison lorsqu’il s’en prenait à ses proies et parvenait toujours à justifier ses crimes pour garder sa place dans le Traité.

« - Peut-être que cela finira par arriver. Si jamais nous retrouvons la trace du prophète, peut être que celui aura une solution à nous proposer pour le cas de Wadron. Mais maintenant, j’aimerais qu’on se concentre sur la raison de notre présence ici. »

Nouvelle série de ricanement que Darth Ridris prit pour une réponse affirmative. Démiurgis se montrait incroyablement coopératif pour une fois et Ridris en fut satisfait.

Ils avaient été envoyés sur La Roue pour évaluer les effets qu’avait eu le virus de Darth Mortuus sur la station. Des échantillons devaient être prélevés sur les parties non réaménagée de la station. En effet, depuis la disparition des non-morts, les autorités avaient réinvesti la place pour reconstruire ce qui avait été détruit ainsi que pour évacuer les derniers survivants tout comme les corps pourrissant des cadavres définitivement mort. Certains quartiers était interdit à la population, bien que débarrassé d’un danger mortel éventuel. S’y rendre n’avait pas été une partie de plaisir et Ridris avait dû user de tout son talent pour passer les différents barrages. Les pots de vin versé au patron de la station avaient fait effet pour certains niveaux de la station mais arrivé à une certaines proximité de la région interdite, les patrouilles de la République avaient été plus difficile à faire flancher. Sans l’appuit de la force sur leur volonté, les gardiens républicains ne les auraient jamais laissé pénétrer dans la zone dite. Sans parler du fait que l’aspect chaotique de Darth Démiurgis n’avait pas facilité les choses.

Après avoir passé les barrages, Darth Demirugis avait déballé son attirail et avait gratté chaque paroi qui lui semblait bonne pour un prélèvement. Si Darth Ridris ne leur avait pas trouvé des cartes d’identité attestant qu’ils étaient des scientifiques de la grande République, ils auraient été embarqués sans aucun doute par les gardes chargés de la surveillance. Plus les barrages s’étaient enchaîner et plus les gardes s’étaient montrés méfiant.

La seconde mission s’était révélée beaucoup plus difficile. Après la fuite de Darth Mortuus de la station, un mystérieux vaisseau s’était profilé face à la station. Peu de temps après, tous les contaminés de la station étaient « décédés » aussi mystérieusement que subitement. Et pour une fois, les spéculations libérées sur l’holonet n’avaient jamais été aussi proche de la réalité. Un Sith était à la base de la mort des contaminés. La puissance du côté obscur avait été déchaînée ici. Et cette affirmation, cette conclusion attife de la part des journalistes de l’holonews se révélait des plus évidentes plus Darth Ridris et Darth Démiurgis s’enfoncaient dans les coursives de la station, là où les non-morts avaient été les plus concentrés. Une sombre aura était toujours présentes en ces lieux, Ridris le sentait et s’en imprégnait. Peut-être pourrait-elle percer ce mystère. Le prophète serait très gratifiant si elle pouvait lui rapporter une telle donnée. Il avait demandé de ramener un corps de contaminé, mais ceux-ci avaient tous été transféré sur Mustafar, pour y être incinéré dans les longues coulées de laves. Demiurgis avait longuement rit lorsqu’il avait appris cela et Darth Ridris avait dû le plaquer contre le mur et le secoue pour que sa crise de rire frénétique prenne fin. Ses rires avaient attiré les regards et les gardes s’étaient montré plus qu’insistant sur la nécessité qu’ils accélèrent leur activité pour quitter les lieux au plus vite.

Néanmoins on leur avait dit qu’il était toujours possible de trouver des échantillons de sang prélevé sur les cadavres. Certains étaient préservés dans une partie consacrée à la réhabilitation et à la conservation des preuves du virus Drear, ainsi officiellement nommé par son auteur Darth Mortuus. Les deux sith, préservé par leur fausse identité au moyen de fausses cartes d’identités, s’étaient alors présenté au lieu indiqué et avait demandé à effectuer un prélèvement sur les éprouvettes de sang de contaminés.

Un scientifique revint avec une série d’éprouvette et les leur tendit.

« - C’est tout ce que je peux vous montrer. Ces échantillons ont été pris il y a plus d’une semaine. Néanmoins, il ne peuvent sortir d’ici. »

Demiurgis s’agita, un gargouillis s’échappa de sa gorge. Il fallait faire vite. Darth Ridris connaissait la patience de son compagnon. Il ferma les yeux plus longtemps qu’un clignement. La force s’insinua dans tout son être et glissa le long de ses doigts. Il effectua un mouvement de la main et influença l’esprit du scientifique.

« - Je dois emporter ces échantillons sur Coruscant. » déclara-t-il.

« - Vous devez emporter ces échantillons sur Coruscant. Tenez ils sont à vous. » fit le scientifique docilement, les yeux presque vide de toutes émotions.

Si simple… Darth Ridris avait presque pitié pour le jeune scientifique. D’un geste simple de la main vers son compagnon pour lui indiquer qu’ils devaient s’en aller. Demiurgis râla d’un autre gargouillis mais la suivit, en boitant comme le ferait un chien suivant son Maitre, peu enclin à lui obéir.

Tous deux, ils passèrent les barrages vers le statioport, un à un, avec le sentiment qu’à chaque fois qu’ils s’en éloignaient les gardes s’en sentaient plus rassuré. Peu importe. Leur mission était finie ici et Darth Ridris se fichait peu du fait que des doutes se fassent sentir. Regagner leur appareil ne fut pas un problème et quitter la station encore moins. Une fois le message d’au revoir sur le canal, ils purent enfin mettre derrière eux le malaise profond de la station et se concentrer sur le voyage de retour.

Darth Demiurgis s’agitait sur son siège de pilotage sans jamais trouver une position stable pour sa chaotique anatomie.
« - Ces sièges ne sont définitivement pas approprié pour un repos prolongé. » fit la créature, agacée. « Comment peux-tu être ainsi installé sans avoir des courbatures ? »

Darth Ridris sourit. Elle savait pertinemment que Demiurgis ne lui posait pas réellement la question mais plaisantait de manière ironique. Pourquoi ? Tout simplement pour dissiper la tension qu’il avait lui-même amener sur le poste de pilotage.

« - Pense-tu que le Prophète sera satisfait de nos trouvailles ? » demanda Darth Ridris.

Demiurgis ricana. Il se gratta de manière compulsive le sommet du crâne et afficha le plus grand des sourires.
« - Je m’en fiche éperdument de ce foutu Prophète. Ceux qui se prétendent important dans l’Ordre sont aussi dénués d’intérêts uns que les autres. Hmmm ?! » un gargouillis venant ponctuer ses paroles.

Darth Ridris ne répondit rien mais n’en pensait pas moins. Darth Démiurgis avait la particularité de ressembler à la pire des créatures, avec ses attitudes cauchemardesques et son accoutrement chaotique, mais il s’agissait du détail qui le rendait plus puissant que pas mal de de Seigneur Sith. Il était imprévisible car sous-estimé. Il se jouait du regard des autres et profitaient sciemment de l’image qu’il renvoyait.

Concernant le Prophète, Darth Ridris ne partageait pas l’avis de son compagnon. Le Prophète possédait un pouvoir réel. A ses côtés, elle avait assisté à des actes sans précédent. Mais contrairement aux Seigneurs Sith, le Prophète ne souhaitait pas être connu et préférait qu’on ne parle pas de lui. Il était d’ailleurs peu recommandé d’enfreindre sa demande. Il finissait toujours par le savoir, d’une manière ou d’une autre. Et c’était pour cette raison que Darth Ridris se refusait d’aborder le sujet, peu importe la situation et ce même avec Darth Démiurgis. Mais concernant les autres Sith, ils étaient d’accord. Ceux qui se croyaient si important ne l’étaient pas pour autant. Il y en avait tellement. Et cela s’étendait au travers des ordres. La Légion en était remplie, sans parler de la Garde Noire. Elle savait de quoi elle parlait, elle avait passé sa vie à les observer de près. Elle avait rencontré nombreux de ces membres. Et les Vestiges de l’Empire recélaient de bien d’autres idiots.

Le Traité ne dérogeait pas à la règle. Le fameux Traité d’Upekzar, celui fondé par le grand Darth Magus, possédait également son lot de prétentieux. Darth Batreyel en était l’un des principaux membres. Tout au long des ans, il s’était présenté comme l’un des puissants Bladeborn, ces guerriers sith des temps immémoriaux. Mais au fil du temps, il s’était montré de plus en plus absent au cours des batailles et n’avait pu prouver le talent qu’il déclarait posséder. Son frère, le majestueux Darth Magus, fondateur du Traité, avait beau avoir été l’un des Sith à avoir percé le secret de l’immortalité, il n’en restait pas moins quelqu’un qui avait évité le centre des activités de la galaxie alors qu’il possédait les moyens de changer le cours de la guerre. Les choses auraient été bien différentes si au lieu de créer un groupe pour conserver le pouvoir il en avait établi un pour libérer toute sa puissance. Au moins avait-il eut l’intelligence de former un héritier, celui qui avait fait trembler la galaxie un cours instant, quelques mois plus tôt, le puissant Darth Mortuus. L’un des rares Sith qui se prétendait puissant et qui avait le mérite de l’être réellement. Et si Darth Mortuus avait disparu et était mort selon les médias lors de la bataille au-dessus d’Upekzar, Darth Ridris n’y croyait que très peu. Darth Mortuus ne pouvait avoir disparu simplement.

« - Ne t’inquiète pas, Rid-hérisse, celui qui a transformé les morts en vivant a toujours son empreinte dans ces échantillons. Il vit toujours quelque part. » fit Darth Démiurgis, un rictus mielleux au coin des lèvres.

Elle ne lui prêta pas attention. Le Prophète n’avait pas parlé de la mort de Mortuus, c’était donc qu’il n’y avait pas d’attention à porter à ces dires. Ils en sauraient peut être plus une fois de retour sur Upekzar.

La planète avait subi de lourd dommage après l’assaut coordonné de la République et du Consulat. Néanmoins, leurs troupes n’avaient pas poussée leur recherches plus au-delà des frontières et encore moins au plus profond des galeries sous les montagnes et volcans qui jalonnaient la planète. Une fois de plus, les Sith avaient su se faire discret et personne ne les avaient remarqué. Darth Mortuus avait bien réagi en attirant les troupes hors de la planète. Depuis son acte héroïque, de nombreux membres du traité avaient changé leur position par rapport au plan de Mortuus. Le danger prit par sa flotte et son prétendu sacrifice avec englober les cœurs d’un baume puissant. Il avait redonné le courage à bon nombres de jeunes sith.

« - Oho, on approche d’Upekzar. » fit Darth Démiurgis.

Il fallait le voir s’exciter sur son siège, encore prostré d’une manière peu confortable. Sans parler de son armure de couleur qui lui recouvrait tout le corps comme une combinaison de pilote l’aurait faite. Son corps entier était comme divisé par une ligne invisible qui le traversait de haut en bas, séparant sa combinaison en deux parties différentes. Ces parties étaient marqué de couleurs différentes et semblaient représenter sa personnalité lunatique et changeante, imprévisible. Des plumes étaient disposées au-dessus de la tête, de manière parallèle, comme l’aurait fait une crête. Et ce masque qui lui voilait le visage le rendait d’autant plus mystérieux mais possédait ce côté dérangeant car Demiurgis ne semblait pas incommoder ni aveugle. Il semblait peu inquiet de ne pouvoir voir.

« - Des choses ont changées ici. » déclara Demiurgis. « Oh oui. »