Plongé dans un doux songe, où l'imagination surpassait la réalité, mettait en évidence les désirs les plus enfouis, les rêves et les passions les plus intenses. Il fallait être fou pour vouloir quitter ce monde où tout était possible; au moindre claquement de doigt, au moindre battement de cil, on finissait toujours pas devenir le maître de l'univers. Certains avaient cette envie, celle de rester bloquait à jamais dans cet imaginaire, car comparant leurs vies de sérénité à leurs vies réelles, ils se rendaient vite compte qu'ils ne valaient pas la peine pour eux de rester à contempler une imminente destruction, en compagnie d'une bande d'hypocrites égoïstes et sans cœur. Certes, il y avait des avantages comme des inconvénients. Pour d'autres, la vrai existence valait la peine qu'on s'y attache, qu'on s'y développe, pour rendre le monde meilleur. Pour sa part, Daris rêvait à peu près comme tout être, mais ne s'aventurait pas dans cet univers parallèle, de peur d'y perdre toute son humanité. C'était ainsi qu'il voyait les hommes de la Force. Des êtres qui ne se donnaient pas de limite car ils vivaient un peu trop dans ce monde de rêves, et avaient le désir expansionniste de faire en sorte que leurs souhaits soient réalités, quitte à bouleverser un acquis, à briser des principes, à éclater à jamais toute notion de civilités. Mais ne nous perdons pas davantage dans ces essais philosophiques, le genre de chose à faire venir un mal de crâne de nulle part.

Autant dire le truc que Vel détestait. Il préférait se sentir bien dans sa responsabilité de soldat, il n'avait pas beaucoup à réfléchir de ce qui se passait et comme cela se déroulait, il se contentait d'obéir aux ordres, sans trop poser de questions, et de se laisser aller dans marche qui finissait par devenir un peu trop monotone. Daris était impatient d'en découdre; lorsqu'il n'était pas à la guerre, il se sentait trop inutile, et se savoir entrain de rien faire lui faisait beaucoup de chagrin. Heureusement, il avait réussi à combler ce vide existentielle de sa conscience par le bonheur que lui procurait tout simplement son foyer chaleureux, ses deux filles. Il repensait encore à son bien-aimée, parti pour un monde meilleur aurait-on dit. Et puis finalement, il se disait que parfois, peut-être qu'il aurait été ne pas être un jeune père, mais vous le comprendrez vite assez tôt. A vrai dire, lorsqu'il ne faisait rien, il dormait, et ne supportait pas qu'on le réveilla, et avoir deux gamines n'était pas chose évidente pour vivre dans le calme. Le soldat se releva rapidement. De son lit, il entendait des hurlements qu'il aurait aimé ne pas entendre en sortant des rêves. C'était là le pire cauchemar de n'importe quel père. Il décida de rester dans son lit, c'était toujours au réveil qu'on le trouvait le plus confortable.

« ...le mien ! »
« Lâches ça idiote ! »
« C'est toi l'idiote ! »
« Qu'est-ce qui se passe encore ici ?! » hurla t-il.
« Elle m'a volé collier ! »
« Même pas vrai ! Sale menteuse ! »
« Dova ! Tu as 14 ans ! Ta soeur en a 4 de moins que toi, tout de même, donnes lui cette fichue bague qu'on en parle plus... »
« T'inquiètes, j'ai compris qu'elle était ta préférée ! »
« C'est pas ce que j'ai dit ! »
« Je te déteste ! » cria t-elle avant de claquer la porte de sa chambre.

C'était ça de vivre avec des adolescentes. Il devait faire avec. Mais il savait qu'elles n'étaient jamais trop sincère. Daris leva donc sa couverture, et sauta hors du lit, il n'avait plus de temps à perdre dès à présent. Il n'avait pas attendu très longtemps pour avoir sa permission, mais il n'avait qu'une hâte, celle de repartir. Il s'empressa donc de s'habiller, prit son sac et se mit en route vers sa Caserne. Il pouvait contempler à quel point la vie sur Coruscant était très mouvementée, la circulation très rapide malgré le nombre important de véhicules en marche, et puis finalement la caserne non loin. Daris, d'un pas décidé, alla tout de suite voir les ordres du jour. Il n'eut même pas besoin d'afficher un sourire sur son visage ou une quelconque joie, en effet, sa journée allait être des plus banales. Le soldat républicain n'avait pas de mission précise, on l'avait provisoirement affecté à un autre peloton de la Division, le peloton Red Water, qu'il ne connaissait que de nom. Il allait donc passé la journée à patrouiller dans les ruelles de Coruscant, mais espérait tout de même croiser quelques bandits à qui foutre une bonne déculotter avant de partir réellement au combat. Il pénétra le vestiaire , et constata que sa nouvelle équipe, soit quatorze hommes, était déjà entrain de se mettre en tenue. Il ne les salua pas directement, se contentant d'un signe de la tête, il n'y avait pas de quoi s’esclaffer en rentrant dans une nouvelle unité. Mais ces soldats semblaient être heureux de voir qu'on leur avait attribué un soldat aux grands mérites militaires.

« Bien messieurs. Je serais aujourd'hui le leader de ce peloton, votre ancien chef était assigné, lui-même, temporairement, à une autre escouade. Pour lui faire découvrir le vrai champ de bataille m'a t-on dit. Je pense que de nos jours, il est beaucoup plus difficile de savoir quels officiers ont reçu leurs baptêmes du feu, autant dire que notre monde évolue trop vite pour ce à quoi nous avons réellement affaire. »

Son armure enfilée, il ramassa son casque posé sur le banc, et le coinça sous son aisselle, il n'avait pas l'intention de le mettre de la journée, pensant qu'il n'en aurait pas besoin.

« Allez prendre vos armes à l’armurerie, et en route. »

Les soldats acquiescèrent, puis s’exécutèrent rapidement en quittant la salle. Après quelques secondes, le Major fit de même. Son arme l'attendait déjà, il pouvait en effet dire que c'était son arme puisqu'il lui avait apporté quelques modifications pour en augmenter sa maniabilité. Il faisait parti des rares à jouir encore du plaisir de faire d'un modèle banal, une arme personnelle et porteuse de chance dans certains cas. Après s'être équipée, l'unité sortit donc de la caserne, à faible allure. L'objectif était une simple patrouille, une formalité, mieux ne valait pas se presser pour pouvoir finir cette journée dans les temps. Ils marchèrent donc, s'arrêtant de temps à autres pour faire étale de leur armement aux quelques êtres suspects qui apparaissaient dans les ruelles. Certaines voies étaient très dangereuses, que ce fut le jour ou en pleine nuit, il était préférable d'avoir une arme sur soit pour se défendre de toutes éventualités. Il ne fallait juste pas confondre "légitime défense" et "homicide", car dans le second cas, on finissait en prison car on avait voulu être prévoyant. Tout à fait ironique, mais pas rarissime. Sur la patrouille, Daris croisa à de nombreuses reprises d'autres unités qui faisaient la même chose, certains étaient soldats tout comme eux, d'autres faisaient réellement parti des forces de sécurité, et il ne savait pas s'il fallait être conciliant avec le fait que s'il se trouvait là en ce jour, c'était sûremment à cause du fait que ces forces là ne faisaient pas assez bien leur boulot.

Au bout de longues minutes qui semblaient interminables, un long temps où rien de concret ne s'était passé, un curieux appel radio interpella les hommes de Red Water. Daris ordonna une halte pour mieux écouter.

« Appel à toutes les unités en patrouille ! On signale un vaisseau suspect au-dessus de la ville. L'objet à été touché par la patrouille orbitale, l'un de ses réacteurs est touchée, il entame une descente à la surface. A toutes les patrouilles ! Interceptez les occupants du vaisseau ! »
« On a peu de chance de tomber dessus de là où on est... »
« Monsieur ? » dit un Sergent en désignant le ciel derrière le Major.

Daris leva les yeux. Sa mine afficha une visage ébahi par ce qu'il voyait. La coïncidence avait fait que le peloton voyait distinctement le vaisseau au-dessus, un réacteur en feu, et laissant derrière lui une épaisse fumée noire. Le contingent suivit donc le vaisseau à distance, sa trajectoire allait finir par aboutir, et ce fut le cas. Le vaisseau s'écrasa non loin dans un bruit d'explosion. Arrivée sur les lieux même, l'unité constata que l'épave n'était pas totalement détruire. En revanche, le crash avait provoqué la panique dans la foule déjà présente, et Daris redoutait la présence de civils blessés, soit une grosse perte de temps à mettre en place une sécurité. Il n'attendit pas davantage, et donna ses consignes à ses hommes, il fallait donc avant tout mettre en place une zone sécurisée, puis entreprendre une interpellation des suspects. Le suspect, ou plutôt le suspect, ne se fit pas attendre non plus. Il portait un chapeau, curieux, et Daris mis sa main à couper qu'il avait affaire à un chasseur de primes. Il leva son arme en direction du vaisseau, accompagné de dix autres fusils blasters. Leur ennemi était fait comme un rat, presque encerclé.


« Vous dans le vaisseau ! Posez votre sac et sortez les mains en l'air ! »